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Mignonne allons...

13 septembre 2013

Naufrages

Un petit chef d’œuvre. Une histoire simple, intemporelle quelque part dans un village coincé entre les montagnes et la mer. La vie d’une communauté, d’une famille et d’un petit garçon au fil des saisons. Le récit d’un combat pour la vie.
Au-delà de la description quasi anthropologique de la vie d'un village japonais dans un style précis et poétique c’est un livre qui aborde trois thèmes.
Tout d’abord la soumission. Ne jamais rien remettre en cause et se soumettre aux volontés divines en respectant les rites et les interdits religieux. Se soumettre à l’autorité en respectant scrupuleusement les ordres du chef. Se soumettre aux us et coutumes qui rythment les saisons et les relations entre les individus. Même une transgression sexuelle est récupérée par le village. Se soumettre toujours et encore aux éléments naturels : la mer, la montagne, la pluie et la neige.
Au delà de la soumission, c’est aussi un livre sur la résignation. A aucun moment on ne sent une quelconque velléité de révolte ou de remise en cause de l’ordre établi. Le village est résigné sur son sort ce qui empêche tout progrès ou toute amélioration de sa situation. Cette résignation trouve son accomplissement dans le sacrifice final des « malades-guéris » qui vont mourir dans la montagne pour sauver le village.
Mais le thème principal semble être l’attente. Tout le village attend toute l’année quelque chose ou quelqu’un.
Attente des poissons puis des calamars puis de nouveau des poissons. Attente de la belle saison, attente d’un regard, attente de rencontrer la fille qu’on aime, attente de grandir, attente du retour du père, attente des jours meilleurs.
Et par dessus tout c’est l’attente du bateau. C’est une attente active et non résignée car ils font tout pour faire échouer un des transports de riz sur les rochers de la côte. Tout le village est tendu vers cet unique objectif. Parfois il faut attendre des années. Et quand enfin cela se produit c’est la fête et la promesse d’une survie assurée et de la faim repoussée pour quelque temps.
Jusqu’au jour ou un autre bateau va apporter, non la vie mais la maladie et la mort. Le village sera décimé. Dans un sacrifice final les malades qui ont survécu s’en vont mourir dans la montagne pour éviter une propagation de la maladie et préserver ainsi le village. Et dans la montagne il n’y a qu’à attendre la mort…

yoshimura naufrages

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